Un jeudi soir, vers vingt heures de Mony
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J'ai déjà déposé des textes de mon amie Mony sur mon blog ici ou là Je réitère tant j'aime ses textes emplis de tendresse que je n'ai pas . J'espère que vous partagerez mon avis.
Un jeudi soir, vers vingt heures
C’est survenu sans prévenir, un jeudi soir, vers vingt heures.
Julien était rentré depuis trente minutes et n’avait pas encore eu le loisir de me dire bonsoir. J’avais bien tenté un "tu as passé une bonne journée ?" mais son smartphone réclamait son attention. Tout en rédigeant avec empressement une réponse à son interlocuteur, l’homme de ma vie faisait une recherche sur son ordinateur.
J’ai servi l’entrée : des tomates garnies de crevettes grises. Julien, je le sais, les apprécie et, sur le chemin de retour du boulot, j’avais fait un détour jusque chez le poissonnier du centre-ville, réputé pour la fraîcheur de ses produits. Tout en continuant à pianoter de quelques doigts mon amoureux a enfourné le tout en quatre bouchées.
- Et ta réunion ? C’était intéressant ?
Pas de réponse…
Casque VR, vision à 360°, démonstration réservée à quelques privilégiés dont il faisait partie, nouveaux programmes… pauvre naïve, j’avais espéré que ce sujet le rendrait loquace.
J’ai présenté le plat. Il est tombé à plat. Comme les nouveaux sets, les coupelles garnies de fleurs, les deux bougies représentant nos deux années de vie commune et allumées tout spécialement pour l’occasion…
Le dessert en a pâti, il est resté cloîtré au froid.
Froid, je l’ai ressenti dans le dos quand j’ai entrevu l’index de Julien cliquer sur un "j’aime" juste avant que, les écouteurs sur les oreilles, il débarrasse distraitement la table.
Clic : j’aime.
Clic : commenter.
Clic : partager.
Et moi, étais-je moins accaparée par ce monde virtuel ?
Non, non, non !!!!!!!!!!!
Le froid s’est transformé en tremblements incontrôlables. Julien, dans sa bulle, ne s’apercevait de rien. Toujours en tremblant, je suis montée à l’étage et du fond du dressing j’ai sorti mon trésor oublié. Oh ! Ce n’est pas un Stradivarius, loin de là, mais c’est mon violon à moi. Vaille que vaille je l’ai accordé et les doigts hésitants j’ai entamé l’adagio d’Albinoni. clic
Doucement ma dextérité endormie depuis des mois m’est revenue. J’étais dans un bain de bonheur…
Quand j'ai arrêté de jouer j’ai aperçu Julien qui me regardait les yeux noyés de larmes.
- C’est beau ! Comment avons-nous pu nous en passer ?
Et il m’a serrée tout contre lui.
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La désintoxication ne fut pas toujours facile, souvent nous avons chuté mais il suffisait à l’un ou à l’autre de saisir son instrument et d’entamer un morceau pour que le fautif se débranche de tout réseau et l’accompagne retrouvant ainsi cette belle complicité musicale qui nous unit depuis l’adolescence.
Le 14 mars 2016 – Mil et une semaine 11/2016 – mot à inclure : stradivarius
http://miletune.over-blog.com/2016/03/un-jeudi-soir-vers-vingt-heures-mony.html