Désastre
Texte réédité
Ils se sont rencontrés à Paris, au bord de la Seine... Lui photographe chassait des statues pour un magazine d'art... Elle, fuyait un passé oppressant. Rien de sa vie n'avait survécu, la tempête avait tout ravagé. Elle errait misérablement à la recherche d'un moindre espoir de salut... Ils n'auraient jamais du se rencontrer et pourtant...
C'est si loin maintenant, les printemps, les étés, les hivers ont défilé. De cette rencontre, elle n'a gardé l'image que des pendules de la gare St-Lazare et ses yeux d'un bleu profond... Il est parti malgré son amour. Elle ne peut pas lui en vouloir, c'est de sa faute, elle en a conscience, elle a toujours tout raté, son enfance maladive, son adolescence anarchique, ses amours. Ses amours, en a t-elle eu au moins ? elle ne sait plus...
La douceur du temps en ce mois de novembre l'avait amené sur les bord du fleuve qu'elle ne connaissait pas. Elle était monté de la province après la perte de ses parents, tués dans un accident de la route alors qu'ils venaient lui rendre visite à l'hopital psychiatrique, pour une énième dépression. Pourquoi n'avait-elle pas la force de combatre ses démons d'alcool et de drogues en tout genre ? Au départ c'était un verre et un pétard, pas grand chose, juste pour s'amuser entre copains mais cela a pris de l'ampleur... Il lui en fallait plus, toujours plus, volant sans vergogne ses parents qui l'aimaient et lui pardonnaient. A cause d'elle, ils sont morts...
Les pendules de la gare ont continué à égréner les heures, les minutes, les secondes aussi. Aucune ne donne l'heure exacte. Elle a besoin de la connaître cette heure pour se rendre compte qu'elle a vieilli seule dans une petite ferme perdue, je ne sais où... oubliée de tous...
Après l'enterrement, une vieille tante l'a hébergée une quinzaine de jour à paris, c'est ainsi qu'elle s'est retrouvée à la gare, devant les pendules, au bord de la Seine ensuite , c'est là qu'elle l'a rencontré alors qu'il l'a bousculé malencontreusement, en prenant des photos d'une statue dans le jardin des plantes. Elle a grondé, il s'est excusé et la invitée à boire un café. Ils ont discuté pendant des heures. Ils ne sont plus quittés. Ils étaient bien ... Mais une fois de plus, elle a tout gaché. Elle attendait un bébé , elle était heureuse. Tout se passait bien jusqu'au jour où, une angoisse a surgi et tout s'est cassé. Incapable de la surmonter, elle a repris la boisson et ses drogues, tuant ainsi ses rêves de maman... Malgré son amour pour elle Il n'a pas pardonné, il est parti...
Aujourd'hui, elle ne boit plus, elle ne se drogue plus... Il en a fallu des années, du courage, de la patience pour se soigner car guerrir, c'est impossible. Aujourd'hui, le facteur lui a apporté une lettre qu'elle attendait depuis longtemps, une lettre de lui... c'est fini écrit-il et cela depuis longtemps. “Tu as refusé mon aide, tu as refusé l'enfant.Tu as refusé mon amour et nos rêves. J'ai essayé et Dieu m'en est témoin de te sauver mais c'était peine perdue, tu t'étais trop enlisée. Je ne t'en veux pas mais je refuse de revivre ce calvaire, comprends moi. Aujourd'hui, j'ai refait ma vie, j'ai des enfants, ne m'envoies plus de lettres“ Aujourd'hui, elle a balancé la lettre dans la cheminée, a sorti un verre . Elle a pris ses comprimés et les a avalés, avec de l'eau.