Confidences
texte réédité
Comme je n'ai pas d'inspiration en ce moment, je vous mets un texte que j'ai écrit en 2006 . Si le voyage a bien eu lieu, j'ai inventé le reste ,mon voisin de siège a dormi tout le voyage ( morte de rires)
J'étais dans le TGV en partance pour Toulon... C'était il y a un an . Un an déjà mais cet inconnu est resté dans ma tête... Je regardais les paysages défiler à toute allure lorsqu'un monsieur me demanda.
- Excusez moi de vous déranger, Madame, est-ce que le siège près de vous est libre?
Je le toise et de ma voix peu aimable, lui réponds.
- Vous n'avez pas votre siège ? En principe c'est réservé ...
- Si mais je ne peux pas voyager le dos à la route.
- Pour l'instant, il n'y a personne , vous pouvez vous asseoir...
- Je vous remercie.
Il s'installe , je ne m'occupe pas de lui. De toute façon, il s'est endormi très vite , me laissant à mes pensées, soudain ...
- Voyagez-vous beaucoup ?
- Non , c'est mon premier voyage seule et si loin.
- C'est à Marseille que vous allez ?
- Non, Toulon
- Très belle ville Toulon,vous avez des amis là-bas ?
- Depuis le net, oui.
- Ah ! Les sites de rencontre ?
- Euh ! Pas vraiment là, ce sont plutôt des amis d'ateliers d'écriture.
- Vous êtes écrivain ?
- Je dirais écrivaillonne, j'aime ce terme . Je n'écris que des petits textes.
- C'est super ça et vous écrivez des poèmes ?
- Pas de trop, non, je préfère les dialogues, le théâtre.
- Jouez-vous aussi ?
- Pas du tout, j'aurai trop peur .
- C'est bizarre, je vous vois très bien sur scène et déclamer vos textes
rires
- Vous n'avez pas l'air de me prendre au sérieux et pourtant, je le suis.
- J'en conviens mais moi contrairement à vous je ne le sens pas. Je préfère écrire. Je parle de moi là mais vous, vous vous rendez aussi à Toulon?
- Non, je m'arrête à Marseille.
- Marseille? Cela doit être beau aussi.
- Je ne connais pas, je vais découvrir...
Nous parlons ainsi pendant le voyage, chacun allant de sa confidence. Les liens se créent comme cela, sur un bonjour ou sur un sourire. Ici pas pas de jugements, pas de pudeur. C'est comme cela, un besoin de parler, de découvrir, de comprendre. C'est bizarre , comme les barrières, le murs tombent, on est bien...
Il me raconte sa vie et moi la mienne, chacun ses passions, ses envies, ses joies. On a le temps, le TGV roule toujours... Je n'aurais jamais imaginé que sur ces rails ma vie serrait mise à nue, là ... devant un étranger...
Trois heures, trois courtes heures , déjà Marseille et c'est la mort dans l'âme que je l'ai laissé continuer son chemin... Moi je continue le mien vers Toulon.
Je n'ai pas revu cet homme, nous n'avons pas échangé nos noms, nos adresses. Peu importe, il était là , je m'y trouvais aussi... C'était bien... Un moment de sursis dans une vie très difficile.
30 novembre 2006