Fernand de Catherine
Il y a des personnes qui apparaissent puis disparaissent, c'est la vie. Certaines laissent quelque traces précieuses, c'est le cas de Catherine qui est malheureusement décédée, il y a quelques temps mais qui est restée dans mon coeur . Aujourd'hui, je vous remet un de ces textes du temps où elle était avec nous dans notre petit atelier.
texte réédité
A mon petit atelier d'écriture de quartier , notre animatrice nous a demandé d'écrire sur le vieux Caen( voir image) et nous avions un difficulté en plus avec un incipit : "Fernand avait enfilé son vieux pardessus. Il faisait froid: -6Il comptait prendre le tramway pour rejoindre ses vieux copains au Café du Commerce".. Voilà ce que Catherine a fait avec ça. Moi aussi j'ai écrit dessus mais je vous mettrai mon texte un autre jour.
Fernand
"Fernand avait enfilé son vieux pardessus. Il faisait froid: -6° . Il comptait prendre le tramway pour rejoindre ses vieux copains au Café du Commerce."
Il était un peu inquiet… C’était le matin, il était six heures trente et le café du Commerce ouvrait à sept heures trente.
Le tramway arrivant à sept heures, il décida d’aller à pied rue Porte du Berger.
Les rues étaient désertes, sur les trottoirs des tas de déchets.
Il se sentit un peu plus inquiet car il n’y avait que ses pas qui résonnaient sur les pavés.
Il se retourna plusieurs fois pour voir si on ne le suivait pas.
D’où lui venait cette angoisse ?
Chaque jour, il partait de chez lui en laissant dans son lit sa femme malade et cela le rendait mal.
En retrouvant ses copains, il savait qu’il oublierait avec l’alcool et les retrouvailles de Dédé, Jacquot et Lulu?
Il arriva, il poussa la porte, l’odeur des tripes arriva jus-qu’à lui.
La patronne, à la poitrine opulente qui descendait sur le comptoir pour faire loucher les rares clients regarda Fernand. Elle lui décocha un superbe clin d’œil, son sourire se fit immense sur des dents et des lèvres rouges carmin. Elle sentait mauvais, une haleine de rhum et de vieille eau de lavande.
- Bonjour, mon coco, dit-elle
- Oh, ça va, Ginette, j’ai pas trop le moral !
Dédé, Jacquot et Lulu répondirent :
- Mais ta femme se plaint toujours, ça fait trente ans qu’elle dit qu’elle est malade pour pas que nous nous retrouvions parce qu’elle sait que tu as une bonne descente question gosier et que tu fais de l’œil à la Ginette qui aimerait, depuis qu’elle est veuve, que tu deviennes la patron du café du Commerce.
Alors, quand vas-tu te décider à lui faire la cour ?
- Ah, ça va, ça va vous autres !
Fernand en avait marre mais savait pertinemment que tout cela était vrai ; il aimait l’alcool et sa femme pour être vulgaire, l’emmerdait. Le temps passait…
Eh bien, puisque c’est comme ça, sers-moi un pastis, Ginette ! demanda soudain Fernand et la conversation partit sur autre chose.
Plus il buvait, plus son inquiétude disparaissait.
Fernand se décida à 9 heures trente à rentrer chez lui.
Le jour avait pris une belle couleur (lui aussi d’ailleurs) ; il releva le col de son pardessus, passa la porte en saluant ses trois amis et fit un clin d’œil à Ginette, plus aguichante que jamais ;
Il repartit en tramway car il titubait…
Rien ne pouvait plus l’atteindre. Il se dit qu’il allait se coucher.
Catherine