Le vin d'honneur
Robert a quitté depuis plus de dix ans un Paris trop stressant pour un petit village tranquille ; là il s'est remis à écrire, chose qu'il ne faisait plus par manque d'inspiration dans la capitale. A la campagne, Il travaillait chez lui, dans le calme environnant jusqu'au jour où il a gagné un grand prix pour son dernier roman et du coup, il se retrouva invité de partout... Chose qu'il n'aurait jamais imaginé dans sa vie. Certes, il écrivait pour être lu de beaucoup et obtenir une petite notoriété c'était bien. Au grand jamais Il n'a désiré ce raz-de marée médiatique , ah ça non !
Robert a revêtu son beau costume, aujourd'hui. Il est invité à un vin d'honneur à la mairie
Tout en nouant sa cravate , Robert se dit qu'il n'aurait jamais du accepter l'invitation, cela ne l'enchante pas, les honneurs et lui ne sont pas du tout copains. Côtoyer les souliers vernis et faire des ronds de jambes le hérisse.
Il imagine le maire faire un long discours devant un parterre de têtes indifférentes ou endormies puis les invités applaudiront à tout rompre, ah ! Quelle bande d' hypocrites. Après il y aura le vin qui coulera dans les verres... Des grosses bedaines les enfileront tout en se goinfrant de petits fours. Ces gens circuleront des uns aux autres pour leur lécher la figure d'un tu es beau, tu es intelligent quand ce ne sont pas les derniers cancans du coin « Sais- tu que Smock a trompé sa femme ou le contraire », qu'importe cela ressemblera à un cirque grimaçant. Pourquoi a t-il accepté l'invitation faite un mois plus tôt ? Il l'ignore. Il est vrai que c'est le maire en personne qui est venu à sa porte, il a tant insisté le bougre que de guerre lasse, Robert a laissé couler un oui dans un chuchotement... Le maire est parti ravi.
Aujourd'hui, Robert est empêtré dans ses pensées il s'est habillé pour la grande réception, il prend ses clefs , ferme la porte , entre dans sa voiture et roule, roule non pas vers la mairie mais vers les champs ou la mer selon l'humeur de l'instant... Le maire sera mécontent mais Robert n'en a que faire...