Et ce fut la misère

Un texte écrit lors d'une séance à mon petit atelier d'écriture de mon quartier . Il nous fallait ajouter où l'on voulait, un petit morceau de texte du " ventre de Paris " de Zola
Et ce fut la misère
C'était au temps où tout se passait bien, il était marié, il avait des enfants bien grassouillets car son négoce était en plein essor mais voilà une sécheresse plus longue, plus dure a fait que seuls, quelques riches bourgeois pouvaient acheter de sel, de la farine et de quoi se nourrir et puis un jour, plus de farine parce que plus de blé, plus de fruits, plus de légumes seul le sel était encore là mais à quel prix . Manque de fonds nécessaires pour le commander, il ne pouvait plus acheter ni en vendre. Les huissiers étaient à sa porte.
Ne pouvant plus subvenir aux besoins de sa femme, ses enfants qui de faim et surtout de maladies, il vit ceux ci décéder les uns après les autres. Est-ce du à la loi des séries ou à la punition d'un Dieu vengeur qui le punissait car il n'allait pas aux messes du matin, du midi et du soir ? Mais lorsqu'on avait un commerce , on ne pouvait pas perdre de temps avec ces balivernes de religion aux-quels il ne croyait pas. Aurait-il du ? Il ne savait pas de trop et il n'en avait plus rien à en faire. Il mourait de faim.
C'était au temps pas si lointain où il fut obligé de partir seul, affamé, désespéré dans les rues de la ville à la recherche de quelques légumes ou fruits voir même quelques feuilles oubliés sur le bord des fenêtres ou si par miracle, dans les rares jardins se trouvant dans la ville et qui, au temps des vaux gras donnaient à foison dans les années d'opulence.
Mais non, rien de rien. Il n'y avait plus rien.
* « C 'était l'agonie, le frisson du matin le prenait;il claquait des dents, il avait peur de tomber là et de rester par terre. Il chercha, ne trouva pas un coin sur un banc ; il y aurait dormi, quitte à être réveillé par les sergents de ville. Puis, comme un éblouissement l'aveuglait, il s 'adossa à un arbre, les yeux fermés, les oreilles bourdonnantes. La carotte crue qu'il avait avalée, sans presque la mâcher, lui déchirait l'estomac, et le verre de punch l'avait grisé. Il était gris de misère,de lassitude, de faim. Un feu ardent le brûlait de nouveau au creux de la poitrine ; il y portait les deux mains, par moments, comme pour le boucher un trou par lequel il croyait sentir tout son être s'en aller. Le trottoir avait un large balancement ; sa souffrance devenait si intolérable, qu'il voulut marcher encore pour la faire taire.
Une grande lâcheté l'envahissait. Il aurait mendié. Sa sotte fierté de la nuit l'exaspérait...
A cette heure, il était seul, il pouvait crever, sur le pavé, comme un chien perdu « *
* Morceau du « ventre de Paris « d' Émile Zola