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Paradis chantilly

Publié le par Aimela


pour miletune

 

http://www.journal-du-design.fr/art/installation-foam-par-kohei-nawa-38490
Kohei Nawa

 

Paradis chantilly

Où suis-je ? Ouh ! Ouh ! y a quelqu'un ? Oh ! Répondez-moi enfin. Personne, c'est bizarre. Serai-je décédée ? Si c'est le cas, j'ai toujours mes bras,  mes jambes, ma tête quoique pour celle-ci, je n'en suis pas certaine.


Je me suis couchée comme d'habitude avec quelques soucis de santé, certes, mais pas de là à me retrouver au milieu d'une chantilly surtout que je déteste ça. Si on m'avait dit que le paradis était ce truc visqueux, j'aurais fait plus attention à ma santé car là, je ne voudrais pas dire, mais c'est mal parti pour l'éternité. Je vais faire un de ces scandales que le maître des lieux me renverra manu militari sur terre.


Oh ! Où êtes-vous tous ? Papa, maman, venez me chercher, je suis perdue. Où te caches-tu maître du monde que je te rosse un peu ?

Silence, tout n'est que silence et moi seule sur une mousse blanche attendant, je ne sais quoi qui bien sûr n’apparaît pas. Si au moins il y avait une échelle mais non, je suis bloquée avec tout horizon du blanc. J'aime cette couleur mais là, trop, c'est trop, il me faut des rouges, des bleus, des jaunes, des verts. Ah non ! Pas de vert, je haïs le vert mais bon vu les circonstances, je ne vais pas faire la difficile s'il y en a un peu mais qu'il soit bien foncé alors.


Qu'est-ce que je raconte moi ? C'est sûr, je suis en plein délire. Je vais me réveiller, allez ouvre les yeux ma fille, il est temps de te lever. J'ouvre un œil puis l'autre et là ? Je me retrouve toujours dans un monde surnaturel, bien loin de la terre et toujours avec personne autour de moi.

Publié dans Mes-textes-proses

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Le capitalisme selon Jacques Prévert

Publié le par Aimela

Je suis très occupée  en ce moment, entre autre, je  travaille avec d'autres membres  de la centrifugeuz( association de mon quartier)   sur un hommage à Jacques Prévert, un ami  a trouvé  un de ses textes  qui sont  plus que jamais d'actualité. Je vous  mets le texte et vous trouverez  la vidéo ici 

 

C'est toujours et de plus en plus  d'actualité .

Citroën

À la porte des maisons closes
C’est une petite lueur qui luit
quelque chose de faiblard, de discret
une petite lanterne un quinqué

Mais sur Paris endormi, une grande lueur s’étale 
Une grande lueur grimpe sur la tour
Une lumière toute crue
C’est la lanterne du bordel capitaliste
Avec le nom du tôlier qui brille dans la nuit.

Citroën ! Citroën !

C’est le nom d’un petit homme,
Un petit homme avec des chiffres dans la tête,
Un petit homme avec un drôle de regard derrière son lorgnon,
Un petit homme qui ne connaît qu’une seule chanson,
Toujours la même.

Bénéfices nets.

Une chanson avec de chiffres qui tournent en rond:
500 voitures, 600 voitures par jour:
Trottinettes, caravanes, expéditions, auto-chenilles, camions…
Bénéfices nets
Millions. Millions
Citroën.Citroën.

Même en rêve on entend son nom
500, 600, 700 voitures laissant aux camions 
800 tentes par jour, 200 .... 200 ....
Et que ça roule!

Il sourit, il continue sa chanson
Il n´entend pas la voix des hommes qui fabriquent
Il n' entend pas la voix des ouvriers
Il s' en fout des ouvriers.

Un ouvrier c' est comme un vieux pneu
quand il y a un qui crève
on n' entend même pas crever

Citroën n' écoute pas 
Citroën n' entend pas
Il est dur de la feuille pour ce qui est des ouvriers

Pourtant au casino il entend bien la voix du croupier
- Un million M. Citroën, un million
S´il gagne c' est tant mieux, c' est gagné
Mais s' il perd c' est pas lui qui perd, c' est ses ouvriers
C' est toujours ceux qui fabriquent
qui en fin de compte sont fabriqués.

Et le voilà qui se promène à Deauville,
Le voilà à Cannes qui sort du Casino

Le voilà à Nice qu' il fait le beau
Sur la promenade des Anglais avec un petit veston clair
- Beau temps aujourd’hui !
Le voilà qu' il se promène, qui prend l’air.

A Paris aussi il prend l' air, il prend l' air des ouvriers
Il prend l’air des ouvriers
il leur prend l’air, le temps, la vie
Et quand il y en a un qui crache ses poumons dans l’atelier
ses poumons abîmés par le sable et les acides
il lui refuse une bouteille de lait
Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre
une bouteille de lait ?
Il n’est pas laitier 
Il est Citroën

Il a son nom sur la tour, il a des colonels sous ses ordres.
Des colonels gratte-papier, garde-chiourme, espions.
Des journalistes mangent dans sa main.
Le préfet de police rampe sous son paillasson.

Citron ? Citron ?
Bénéfices nets
Millions. Millions

Et si le chiffre d’affaires vient à baisser
pour que malgré tout les bénéfices ne diminuent pas
il suffit d’augmenter la cadence et de
Baisser les salaires des ouvriers

Baisser les salaires

Mais ceux qu’on a trop longtemps tondus en caniches
Ceux-là gardent encore une mâchoire de loup
Pour mordre, pour se défendre, pour attaquer
Pour faire la grève
La grève
Vive la grève !

Jacques Prévert

 

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Les âmes

Publié le par Aimela

Texte réédité 

 

Deux âmes solitaires derrière leur écran, Deux âmes passionnées par leur univers et pourtant, toutes les deux si tristes. Elles se sont rencontrées par un beau jour de printemps, par hasard, rien ne les pouvait pas rapprochées si ce n'est, un site de rencontre.

Lui, taciturne, passant de longs jours dans sa plaine fixant le ciel pour découvrir les beaux oiseaux, que l'homme a fabriqué...

 

Elle, sociable,attirée par la mer et ses tempêtes, imaginant mille peintures ...

 

Brisés l'un et l'autre par la vie et les amours perdus...

 

Ils sont là, sans se voir... Ils se parlent simplement pendant des heures. Elle lui raconte ses malheurs, lui pudique les tais. Ils sont bien... Quelques fois un silence s'installe, elle,inquiète l'appelle,lui demande “ tu es là ? “ Oui lui répond il. Pas un mot de trop mais elle se tranquillise et vaque à ses occupations le coeur serein. Entre eux pas d'amour, juste un fil de tendresse pour se raccrocher. Il est l'arbre, elle, la branche , il est solide, elle, fragile... Un moindre petit coup de vent, elle frissonne mais lui imperturbable la retient pour qu'elle ne se brise pas. Elle lui apprend les mots qu'il ne connaît pas, les mots remplis de douceurs...Il lui enseigne comment vivre au jour le jour, profiter des moments présents sans se préoccuper du lendemain... Pas de serments, pas de promesses ni d'engagements, ils n'en ont pas besoin, ils vivent l'un et l'autre de leur côté, dans leur région ... Pourquoi vivre les habitudes d'un couple alors qu'ils seront l'un et l'autre en prison ... Ils détestent, les chaînes ... Aujourd'hui ou hier, ils se retrouvent pour un jour, peut-être deux ... Ils dorment dans les bras l'un de l'autre, c'est tout... Ils sont heureux ... est-ce cela le bonheur ?

Avril 2007

 

Depuis lui est décédé  et elle ? Elle poursuit sa route seule  sans l'oublier 

 

Publié dans Mes-textes-proses

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