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Urgence pour deux

Publié le par Aimela

Urgence pour deux

 

Dans un coin de campagne américaine, une maison blanche au bord d'une forêt de sapins. Devant-elle, un chien court après une balle que lui a lancée John assis à l'entrée de la maison. Son épouse est debout croisant les bras ; l'un et l'autre expriment un ennui profond mais personne ne parle, et que dire ? Rien, rien, il n'y a rien à dire. Monsieur songe à ce qu'il aurait réussi s'il n'avait pas épousé Molly sous un coup de foudre aussitôt éteint mais il est trop tard. Il s'était marié à Las-Vegas sous les yeux d'un faux Elvis Presley et avait amené son épouse dans la blanche maison de ses parents en attendant de trouver un meilleur métier mais il n'a jamais trouvé et c'est là assis qu'il essaie de combattre son ennui. Il me faut trouver une solution se dit-il, je me meurs à petit feu avec mes parents et Molly qui ne parle pas. Je sais qu'elle m'en veut et je la comprends. Je vais demander le divorce mais acceptera-elle ?

 

Molly, debout les bras croisés refoule sa rancœur à grand peine. Lorsqu'elle a aperçu John pour la première fois, son cœur a fait boum d'un coup et lorsqu'il lui a dit qu'ils allaient se marier, elle a dit oui et ce fut vite fait mais jamais elle se serait imaginée qu'il l'enfermerait dans une maison austère au fin fond de la campagne pour s'occuper de ses parents trop vieux pour gérer la ferme. Elle a horreur de la ferme, elle a horreur de la campagne, elle en a plus que marre de veiller sur des vieux séniles mais comment partir ? Sans un sou, sans permis, elle rage contre elle, contre lui, contre l'ennui qui la ronge. Il faut que je me barre d'ici, se dit-elle et il y a urgence car je n'en peux plus mais refusera t-il ?

 

Il se décide.

 

Elle se décide et ensemble : Je n'en peux plus.

Pour une fois, l'unique fois depuis qu'ils sont dans leur calvaire, ils réussissent à se comprendre et c'est ainsi que John l'emmena dans sa voiture pour Réno où ils divorcèrent très vite, ensuite ils partirent chacun de leur côté. Seul le chien est resté dans la maison blanche où il s'ennuie prodigieusement, plus personne pour lui lancer la balle.

 

Publié dans prose mes textes

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Les couleurs du monde

Publié le par Aimela

Pour mon petit atelier d'écriture de mon quartier

Les couleurs du monde

 

Je n'ai pas écrit sur la musique car dès les premières notes, j'ai senti mon sang bouillir alors je suis sortie pour ne plus l'entendre et je suis revenue pour la suite c'est à dire les couleurs du monde.

 

S'il fallait définir ses couleurs , en ce moment, elles sont rouges et noires comme le roman de Stendhal.

 

Rouge comme la colère qui envahit les citoyens du monde car , il n'y a pas qu'en France que les personnes sont à bout à cause de leurs gouvernements , il n'y a qu'à regarder les vidéos qui circulent sur le net mais que les journaux des oligarques ne parlent pas.

 

Noir comme le moral de ces peuples et qui battent le pavé à cause des psychopathes aux pouvoirs qui ne les écoutent pas , mieux ou pire , n'en n'ont rien à cirer de la misère qui sévit partout. L'état des lieux est catastrophique.

Pourtant , dans quelques têtes, par ci, par là, le bleu ciel apparaît. Timide, il avance doucement et change les personnes qui refusent de se soumettre aux lois indignes pondues par des ordures avides d'argent ou d'autorité voir les deux.

 

Ces personnes amènent d'autres personnes conquises vers d'autres issues. Elles n'achètent plus et font du troc le plus souvent. Elles paient en espèces ou s'impliquent dans des associations d'aide.

 

Le bleu avance doucement, doucement sans faire de bruit. Le monde actuel se meurt et accouche d'une nouvelle humanité faite de respects et peut-être d'amour qui sait, on peut toujours rêver. Oui, un jour l'univers deviendra tout bleu mais moi, je ne serai plus là pour l'admirer malheureusement.

 

 

Publié dans prose mes textes

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Suzon

Publié le par Aimela

Résultat de recherche d'images pour "l'assomoire de zola"

Suzon


 

N'ayant pas de clients, Suzon est entrée dans un bar, elle s'est assise à une table devant une bouteille de vin et d'un verre qu'elle remplit et boit . Il fait si froid dehors.
 

Des souvenirs de sa jeunesse lui remontent à la tête. A l'époque, elle habitait avec ses parents au fin fond d'un trou près d'un lac aussi sinistre que le ciel dans un matin d'automne, quelques barques y étaient abandonnées à leur triste sort et dans le brouillard épais, se distinguaient à peine les montagnes au loin.

Suzon boit un autre verre et une scène furtive apparaît soudain dans son esprit. Des hommes battent le blé, auprès des chevaux harnachés aux charrues . Suzon détestait ce dur labeur tout comme elle détestait la campagne à part peut-être les siestes crapuleuses, cachée derrière les meules de foin, avec son petit ami de l'époque.

 

- Une autre bouteille patron.

- Tu as déjà fini celle là ?

- Oui et alors ? Donne moi en une autre, il fait froid dehors

- C'est bon.

Le patron revient avec une bouteille et remporte la vide. Aussitôt le liquide versé, Suzon se revoit arrivée en ville, Elle revoit son petit logement près du port et les quais où des gens saluent les marins partant pour un lointain voyage. Elle ? Elle n'a pas le temps de musarder, elle fait le trottoir en espérant qu'elle aussi partirait un jour en Espagne séduire un bel hidalgo avec lequel, elle danserait le flamenco. Avec lui, elle assisterait à des corridas mais détestant les souffrances, elle aurait fermé les yeux devant la mort du taureau. Olé ! Crie t-elle en vidant son verre et d'une voix pâteuse...


 

 - Patron, une autre bouteille.

 

 - Encore ? Mais tu es saoule.

 

 - Non, je ne le suis pas, je peux encore danser, regarde.

 

Sous les regards amusés des autres clients, elle se lève en chantant » Sur le pont d'Avignon, on y danse, on y danse...

Elle retombe sur sa chaise.

 

 - Tu vois que tu es bien torchée, vas te coucher.

 

 - Je ne peux pas fait elle en pleurant.

 

 - Comment cela, tu ne peux pas ?

 

 - Si j'y vais , je reverrais ma jolie petite Marie et cela je ne le veux pas, cela fait trop mal.

 

 - J'ignorais que tu avais un enfant.

 

 - Ben si, mais elle décédée, elle aurait eu douze ans aujourd'hui. Marie crie-t-elle , où es tu ?

 

 - J'en suis désolé.

 

 - Alors, donne moi une autre bouteille … Pour oublier...

 

 - D'accord mais c'est la dernière.

 

Le patron est reparti en chercher une autre et la pose sur la table.

 

Suzon boit, boit pour oublier les barques abandonnées, les travaux des champs, les siestes crapuleuses, le bel hidalgo, jamais trouvé. Elle boit encore et surtout pour noyer sa solitude et son chagrin . Elle tombe de sa chaise d'un coup et plonge dans un coma profond.

 

C'est au paradis, s'il existe, qu'elle danse à présent le flamenco et qu'elle retrouve sa petite Marie partie trop tôt alors qu'elle était si jeune et belle comme une madone à genoux.

 


 

 

Publié dans prose mes textes

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