Tout n'est que rondeur et douceur dans cette œuvre de Jean-Michel Folon.
Un tableau enveloppant qui nous amène dans un rêve empli de beautés et de chaleur. C'est une poésie à l'état pur.
J'aimerais entrer dans ce tableau, me coucher dans ces bleus peints à l'aube ou au coucher du soleil. Qu'importe, l'ivresse est là, elle nous fait oublier que le monde est horrible seulement par ce personnage tout bleu.
Cependant, un œil rouge et orange est peint. Ne cacherait-il pas une colère quelque part, qui n'attend qu'une allumette pour mettre le feu à tout ?
Cet œil qui me surveille dans mon sommeil me fait peur. Serait-il vengeur ? Et de quoi ? Je ne suis coupable de rien.
Cachez cet œil que je ne saurais voir afin que je finisse ma nuit en toute sérénité, Monsieur Folon !
N'ayant plus d'inspiration ni même la force de la forcer, je vous remets un vieux texte qui pourrait m'inspirer seulement le cœur n'y est pas pour le moment, j'espère que cela reviendra un jour
Le voyage des mots
Je ne me risquerai pas à vous conter une histoire que je n'ai pas ébauchée, Il me faut avant de commencer, esquisser quelques lignes sur une feuille de papier bleu.
Bleu le papier, bleue la mer, j'embarque sur un navire qui part au loin, sous d'autres cieux. Soudain, un coup de vent chasse le soleil et déclenche une tempête. Les vagues attaquent le pont de toute part. Je veux me réfugier dans ma cabine mais une petite voix intérieure me dit de rester... là sous les trombes d'eaux. J'entonne une chanson de marin. Idiot n'est -ce pas ? Je sais ... mais je ne peux pas entamer ce voyage sans inaugurer mes nouvelles émotions. Ce serait franchement lâche de ma part. J'aime me lancer des défis et celui-ci est de taille. Ce n'est pas ma vie que j'ébauche ainsi, j'ai horreur d'entamer la longue litanie de mes malheurs. J'essaie simplement d'allumer chez vous la vision que j'ai du pont, accrochée comme Ulysse à mon mat. Allez ! Allez ! Amorcez la pompe de l'imaginaire, ouvrez les vannes des rêves, Entreprenez ce récit avec moi . Mettons en œuvre ce travail de titan. Oublions tout ce que l'on a caché à la face du monde et enfournons toute ces sensations de peur, de plaisirs puis, lorsque tout sera bien stocké, Je vous engage à prendre un papier bleu de préférence, ce sera plus facile. Prenez la plus belle plume que vous ayez et entreprenez le voyage des mots.
Je ne parlerai pas des débuts. Ce sera difficile de démarrer car vous n'avez jamais pensé que vous pourriez vous engager dans une telle aventure. Il faut dégrossir le travail. Écrire ! Toujours écrire, mener la petite barque des mots à bon port est une bien lourde charge mais quelle joie lorsque tout est fini.
Nous avons, mes collègues et moi, préparé une journée à la campagne. Pour être plus clair, ce sont eux qui ont décidé, moi j'ai suivi car il y avait un château du douzième siècle à visiter.
Ce jour là, branle bas de combat, nous étions prêts à partir à six heures. Tous? Non, il manquait Bernard et Virginie arrivés une heure en retard et en râlant, comme d'habitude. Nous avons pris les voitures. J'avais la chance de ne pas avoir d'enfants à transporter, seulement le copain, la nourriture et le matériel de barbecue, largement suffisant à mon avis.
Je ne parlerai pas de la route. Christelle ne la connaissant pas, avait pris une carte routière et se fiant à son sens de l'orientation, nous a perdu je ne sais où. Je ne sais par quel miracle nous nous sommes tous retrouvés au fond d'un champ. Il n'y avait pas de table ni de sièges comme prévu. Les gamins, énervés par six heure de route, piaillaient la faim. Je ne parlerai pas non plus des mecs. Ils n'ont pas réussi à monter le barbecue neuf et nous avons mangé que les salades et les fruits . Malgré les bestioles aux alentours et le manque de viande, l'humeur était encore joyeuse . Nous allions voir le « paradis ».
Après notre maigre repas, nous avons tout remballé et avons passé encore deux heures à rouler pour finir sains et saufs, enfin, plus saufs que sains , fatigués et énervés à destination finale.
Moi( à Christelle) – C'est ça ton paradis? Une colline, avec des champs, des haies, une minuscule rivière sans poissons.
Christelle – C'est beau, non?
Moi( ironique) – Ah oui! Et ton fabuleux château? Un tas de ruine, visitable, seulement, dans tes rêves. Tu t'es bien moquée de moi.
Christelle – D'accord, je me suis trompée de château mais le reste est magnifique n'est-ce pas ?
Moi – Si tu vois de la beauté, toi, tant mieux . Moi, je vois que désolation, un bled au fin fond de la brousse . Pour rien au monde je reste ici. Salut.
Christelle – Attends ce soir et profite du bon air.
Moi – Tu peux sentir la bouse de vache tant que tu veux et batifoler dedans. Moi, je repars illico presto.
Christelle – t'étais pourtant contente d'être venue ?
Moi – Tu veux rire, je déteste la campagne, seule la visite d'un château m'a décidé et sans lui , plus aucune raison de rester. Je dégage.
Je suis montée en voiture, laissant sur place tout le monde . Je suis revenue en ville avec le reste de la bouffe. J'allais pas tout perdre dans cette histoire. J'avais de la viande dans les bacs que j'ai grillé à la poêle. Tant pis pour le barbecue.
Je n'ai plus jamais revu les collègues depuis. Mon copain? Je l'ai viré le soir même et jeté ses affaire par la fenêtre. Il a eu de la chance , je l'ai pas tué